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Articles

Affichage des articles du 2008

pornographie pédophile

Le français et le hongrois présentent une grande différence de structure : le hongrois est une langue agglutinante , pas le français. Le français n'exprime pas les idées en agglutinant plusieurs mots en un seul. Ou, du moins, le français ne devrait pas... Quand le hongrois forge un mot unique à partir de plusieurs autres dont la traduction littérale donnerait (mais sans nos traits d'union) " époque-enfant-dans-mon ", le français dit " dans mon enfance ", en trois mots distincts. Cette différence de structure est perdue de vue par des rédacteurs francophones qui ne craignent pas de forger le mot pédopornographie . Et vont même jusqu'à la lutte anticyberpédopornographique (lutte contre la pornogrpahie pédophile sur Internet). La Mission linguistique francophone leur rappelle que le français fonctionne par précision du sens des substantifs à l'aide d'adjectifs. Il convient donc de ne pas agglutiner les mots en un seul mais d'écrire et de di

internautique : un adjectif pour internet

Le terme anglophone internaut , devenu en français internaute , a été judicieusement formé pour désigner de façon imagée qui navigue dans les méandres d'internet. Ce mot à l'étymologie ingénieuse connaît un succès général qui n'est pas usurpé. Bravo à son inventeur. On note, au même moment, l'absence d'engouement pour l'adjectif correspondant : internautique , formé sur le modèle de nautique . Pourtant, la privation d'un adjectif qualifiant rigoureusement ce qui intéresse l'internaute oblige à des périphrases insatisfaisantes car imprécises, comme la locution adverbiale " en ligne ". Le jeu en ligne , le recrutement en ligne , sont des formulations trop vagues, qui pourraient aussi bien désigner un mode d'action téléphonique (" restez en ligne ") ou une disposition physique (" placez-vous en ligne, les uns à côté des autres "). Dès lors, pour qualifier ce qui se rapporte à la navigation de l'internaute, la Missi

jouer contre

La Mission linguistique francophone relève une désaffection des professionnels du commentaire sportif pour la préposition contre . Ce phénomène de mode est d'autant plus surprenant que le sport de spectacle est essentiellement constitué d'affrontement. Affrontements de sportifs s'activant l'un contre l'autre ou contre leurs propres limites. " La France va jouer l'Italie " [ Le Figaro du 29 janvier 2008]. Cette information est trompeuse. Elle est même faussée par la suppression du mot contre . Car la France ne va pas jouer l'Italie (c'est-à-dire faire semblant d'être l'Italie, se prendre pour l'Italie). La France - incarnée par son équipe de football - va jouer contre l'Italie. Et tout faire pour ne pas ressembler à l'Italie ! Ce genre d'approximation syntaxique marque les limites de la liberté de maltraiter la langue, liberté si souvent revendiquée par ceux qui sont simplement inaptes à la traiter avec soin, b

la polygamie des femmes et des hommes

Pour s'amuser de la menace de déchéance de nationalité française brandie par un ministre de la république contre un époux volage (auteur des douze enfants avec quatre concubines dont trois ne sont pas ses épouses), un fameux hebdomadaire satirique français citait une entretien accordé par une épouse du Président de la République française Nicolas Sarkozy (trois fois marié, quant à lui, mais successivement) à un hebdomadaire non satirique, en 2007 : " Je suis favorable à la polygamie et à la polyandrie " (sic). On comprend entre les mots ce que voulait dire Carla Bruni-Sarkozy. Mais elle n'a pas su le dire. Car, à l'instar d'une grande majorité de francophones, Mme Sarkozy se méprend sur le sens et l'étymologie du mot polygamie . Tiré du grec poly (plusieurs)- gamia (mariages), l'adjectif polygame qualifie une personne "mariée plusieurs fois (simultanément)". Le substantif polygamie désigne donc la condition de celles ou ceux qui sont ai

anachronismes lexicaux

L'étude des anachronismes lexicaux dans les dialogues littéraires (romans, scénarios, pièces de théâtre) est un bon révélateur des modes dans le vocabulaire courant. Et notamment, un révélateur des effets des " tueurs sériels " de notre vocabulaire, ces mots qui nous abrutissent par leur pugnacité à s'imposer dans les conversations, à la place du mot juste. Comme on pouvait le craindre, le barbarisme " sécuriser " et les abus de la préposition " sur " n'ont pas épargné les meilleures productions littéraires historiques du moment. Prix Goncourt et Grand prix du roman de l'Académie française, le roman Les bienveillantes du très érudit Jonathan Littell en porte la marque en divers endroits. Ainsi p. 54, deux SS conversent : « Le Generalfeldmarshall nous a ordonné de sécuriser le lieu » - « Bien sûr, je comprends », répond le héros qui, en réalité, n'aurait rien compris à ce barbarisme en 1942 [première occurrence attestée en 196

la bientraitance s'installe lentement

La Mission linguistique francophone constate depuis 2012 la lente progression du néologisme bientraitance , employé dans l'univers de l'action sanitaire et sociale comme antonyme de maltraitance . Cette création peut incommoder par son parfum technocratique ou surprendre par sa nouveauté, mais elle est irréprochable sur le plan étymologique et sémantique. Autrement dit, elle est bien construite et son sens n'est ni incohérent ni obscur. Maltraitance et bientraitance s'inscrivent dans la lignée de malveillance et bienveillance . Faire le mal et faire le bien ; veiller au mal et veiller au bien. Pour confirmer la légitimité de la bientraitance , il reste aux francophones à assurer la vitalité de ce terme dans notre langue, en veillant à ce que son emploi ne soit pas à la fois accaparé et restreint par le secteur sanitaire et social, comme l'est depuis quelques années l'adjectif durable par le discours environnemental (cf. " ville durable "

la numéro un mondiale

Les commentateurs sportifs francophones sont connus pour leurs multiples entorses à la langue française. Parfois, ils vont jusqu'à en déchirer les ligaments, comme dans l'expression " la numéro un mondiale " (sic). Créée en France dans les années 1990 pour qualifier la joueuse de tennis Amélie Moresmo , cette expression fautive est maintenant appliquée sans relâche à toute championne du monde. Elle se décline à des échelons inférieurs [" la numéro un française ", " la numéro deux européenne "] et dans d'autres secteurs que le sport [telle entreprise est " la numéro un de l'hôtellerie "]. Cette coutume plus très nouvelle viole une règle élémentaire de notre langue : un mot féminin doit avoir un article féminin [ la femme et non le femme ], un mot masculin exige un article masculin. Sans exception aucune. Numéro étant un mot masculin, nulle ne saurait être " une numéro " (sic). Pas même " une numéro mondial &qu

pour en finir avec l'ouest-e du pays

Pour en finir avec les fautes de prononciation journalistiques consistant à faire négligemment entendre des " -e- " qui n'existent pas à la fin de nos points cardinaux, le plus simple est sans doute... de les faire exister. Chacun a pu remarquer que les professionnels de l'audiovisuel parvenaient sans peine à prononcer la succession de consonnes ST ( style ), mais qu'il semblait être au-dessus de leurs forces de prononcer correctement ce phonème ST suivi du phonème D, sans interposer le phonème E. C'est ainsi que l'est de l'Europe devient " l'est-e de l'Europe ", et tout à l'avenant. Il est vrai qu'il est très difficile aux francophones d'articuler la triple consonne STD. Les anglophones y arrivent sans peine et sans marquer de pause : "he's the be st d irector". Les Français ont beaucoup plus de mal à prononcer " le reste du temps " sans faire entendre le E muet de reste . C'est pourqu

juin, mois de la phonétique

La Mission linguistique francophone lance une campagne d'information des dirigeants de chaînes de télévision et stations de radio françaises sur les problèmes de phonétique qui entachent la diction des professionnels de la parole donnés à entendre sur leurs antennes. Ces fautes de prononciation - puisqu'il faut bien les appeler par leur nom - se répercutent dans le public et altèrent pesamment la langue courante. À l'approche des grandes vacances, il paraît opportun de permettre aux francophones de France ou de passage en France (tels les étudiants étrangers en séjour linguistique), de baigner dans un environnement sonore plus cohérent et plus clair. C'est pourquoi nous menons cette action pendant le mois de juin, déclaré "Mois de la phonétique" chez les professionnels des médias parlés ; à charge pour eux de mettre un point d'honneur à favoriser ensuite l'apprentissage sonore du français durant tout l'été. Et tout le reste des années, si possib

d'este en oueste

" Orages sur l'est-e du pays ." Chacun a pu remarquer que les orateurs professionnels francophones parvenaient sans peine à prononcer le duo de consonnes "-ST-" [ st ade, hi st oire, compo st ] à l'intérieur d'un mot, mais qu'il semblait être au-dessus de leurs forces de le prononcer correctement en fin de mot, c'est-à-dire sans y ajouter un "E" fictif. C'est ainsi que l'est de l'Europe devient " l'est-e de l'Europe ", et tout à l'avenant. Il en va de même pour les trios de consonnes "-STN-" [ po stn atal ], "-STF-" [ Oue st-F rance ] et "RCD" [ Pa rc d es Princes ] rarement énoncés par les orateurs professionnels sans l'ajout d'un E qui n'existe pas [ poste-e-natal , Parc-e des Princes, Ouest-e-France ]. Il est vrai qu'articuler le phonème "-STD-" n'est pas naturel aux francophones, tandis que les anglophones y arrivent sans p

salon mondial du modélisme

Vers 1650, les précieux ridicules brocardés par Molière répugnaient à employer les mots usuels pour dire ce qu'ils avaient à dire. Le cidre devenait "le nectar pétillant du verger neustrien". Et les adjectifs prenaient la place des substantifs : la tendresse devenait le tendre ("j'éprouve un profond tendre pour vous"). Depuis une dizaine d'années, les précieux sont de retour. Ils ne disent plus " par prudence " mais "en vertu du principe de précaution". Ils ne disent plus " les politiciens " mais "les politiques" (adjectif employé à la place de son substantif). De sorte que, dans une formule comme "les politiques d'autrefois", nul ne sait plus s'il s'agit des actions politiques menées dans le passé ou des personnages politiques du temps jadis. Dans le même esprit, les précieux ne disent pas " le salon du modélisme " mais "le mondial du modélisme". À ne pas confond

rencontres sur l'environnement

Le ministère de tutelle des récentes rencontres sur l'environnement organisées par le gouvernement français a souhaité les intituler "Grenelle environnement". Une appellation ignorante des règles de construction du complément de nom en français (avec la préposition de ). Cette faute de syntaxe a été délaissée par les médias qui ont choisi de former correctement le complément de nom et ont rebaptisé ces rencontres " Grenelle de l'environnement ". En dépit de cette rectification grammaticale, l'étymologie de "Grenelle de l'environnement" reste particulièrement déroutante pour les linguistes, mais aussi pour les spécialistes des sciences politiques et de l'histoire contemporaine. En effet, dans la métonymie "accords de Grenelle" (1968), dont cette appellation se réclame, "Grenelle" ne signifie pas " accords " ni " rencontres " mais " ministère (français) du Travail " [dont les locaux son

grenellocompatible

Une publication ministérielle ( La lettre du Grenelle environnement ) annonce fièrement la naissance d'un néologisme d'une difformité et d'une lourdeur confondantes : grenellocompatible . La Mission linguistique francophone y décèle un dérèglement lexical de grande ampleur et met en garde les francophones sains d'esprit contre l'utilisation de pareils monstres sémantiques : contrairement au hongrois ou au japonais, le français n'est pas une langue agglutinante, dans laquelle les idées composites s'expriment par des radicaux accolés en un mot global. Le secrétariat d'État français qui promeut déjà l'incohérente appellation " Grenelle environnement " (au sens de accords sur l'environnement ) se réjouit de participer à une détérioration volontaire de la langue. Cette situation contradictoire résume la grande désorientation du français en France : quelques institutions (l' Académie française , la Délégation générale à la langue françai

France Terme

La Mission linguistique francophone salue la mise en ligne du nouveau site d'aide au maniement du vocabulaire " France Terme ". Créé par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture [français], ce site propose des outils (moteur de recherche lexicale, traduction automatique) et des contenus explicatifs facilitant la sélection et la compréhension des termes spécialisés, nouveaux ou non, dans tous les domaines.

au final (sic)

L'heure, la sauvette, la suite, la fin - mots féminins - ont donné naissance à des locutions adverbiales construites avec à   : à l'heure, à la sauvette, à la suite, à la fin . Le pire, le total, le gré, le départ - mots masculins - ont donné naissance en français à des locutions adverbiales construites avec au : au pire, au total, au gré, au départ . Plutôt que d'aller chercher dans le grand coffre à jouets de la langue française ce qui s'y trouve déjà, certains bricolent depuis peu [ NDE : en 2008] des bidules inutiles, comme " au final ", oubliant que cela existe déjà au féminin : à la fin . Avec un à et non un au . Parce que la fin est féminine et non masculine. Après avoir tué l'avenir [devenu le futur ], finalement ils vont bien réussir à nous tuer aussi la fin . Pourquoi "au final" est-il indéniablement un usage fautif faute et non une saine évolution de la langue ?  Parce qu'il se trouve que le final n'existe p

attractivité du Morbihan

Une agence de communication spécialisée dans l'édition d'entreprise a joint la note que voici à l'attention de son typographe : "N e rien modifier dans ce texte, car il est conforme aux exigences du cahier des charges ". Ah bon ? - s'est demandé le typographe, à la lecture du texte en question, intitulé " attractivité financière du parcours de soins " - le cahier des charges exige la présence de barbarismes dans les titres ? L'emploi en français du faux ami anglais attractive , qui signifie séduisant, attrayant , a donné naissance dans certains esprits au néologisme " attractivité " [comme dans " attractivité touristique du Morbihan "] dont l'emploi est vivement déconseillé, voire prohibé. On peut s'inquiéter de constater que cette faute de français caractérisée s'épanouit actuellement sans complexes dans le discours technocratique français, y compris celui de certains organismes d'État . Débarrassée de sa d

raréfaction

Lisant scrupuleusement le texte de son prompteur, la présentatrice du journal de la mi-journée de l'une des chaînes nationales françaises évoque la " rarification " (sic) de certains coquillages. La raréfaction des sujets d'inquiétude sur la mise à mal de notre langue par ceux qui devraient la faire vivre, elle, n'est pas en vue. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE, CLIQUEZ ICI NDE : Il ne s'agit que d'une perle relevée il ya douze ans   [11.02.2008, 12h] , et que nous n'avons plus entendue depuis. Donc une perle rare... et pas bien grave.

insécurité de la sécurité

En France, le discours ambiant de la première décennie du vingt et unième siècle est pétri [ cet article est paru initialement en 2008 ] de considérations sur la sécurité . La Mission linguistique francophone constate qu'il en résulte des dérives lexicales malencontreuses. Si le vif succès du mot " insécurité " n'appelle pas de mise en garde, il n'en va pas de même pour emploi fautif des barbarismes " sécuriser ", " sécurisé " et " sécurisation ", actuellement omniprésents dans le vocabulaire des professionnels de la langue, et par suite, du public. Les choses ne sont plus sûres, elles sont sécurisées. Les biens et les personnes ne sont plus en sécurité, ils sont sécurisés. Les inquiets ne sont plus rassurés, ils sont sécurisés. Les faibles ne sont plus protégés, ils sont sécurisés. Les périmètres dangereux pour notre sécurité ne sont plus interdits ni bouclés, ils sont sécurisés. Les champs de mines ne sont plus déminés, i

éventails et ventilateurs

Dans un roman de Cormac McCarthy ( La route , Prix Pulitzer 2007), le héros explique à son fils comment fonctionne un barrage hydraulique. Dans la version française de ce roman, pourtant finement traduit, une surprise de taille attend ici le lecteur : " Les turbines sont de grands éventails ". Le faux sens est manifeste, et aurait pu être évité par le bon sens... En effet, éventail se dit en anglais fan . Mais l'anglais fan (à ne pas confondre ici avec l'admirateur fanatique) signifie aussi ventilateur . À première vue, une turbine hydraulique ne ressemble ni à un admirateur ni à un éventail. Mais bien à un ventilateur . POUR ACCEDER A LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE , CLIQUEZ ICI

traduire n'est pas toujours trahir

Le générique de la version francophone sous-titrée de No country for old men , film réalisé par Ethan et Joel Coen, comprend un nom qui fait honneur au métier de traducteur : Henri Béhar. Sur un bon millier de sous-titres, aucun ne comporte la moindre baisse de qualité dans la concision et la justesse. La fidélité à l'esprit des dialogues l'emporte partout sur le mimétisme irréfléchi. Aucun faux ami n'encombre la lecture. Même " porch " est correctement traduit par " véranda " - contrairement à une négligence qui entache répétitivement la version française du western Impitoyable , de Clint Eastwood, dans lequel Gene Hackman construit sous nos yeux une veranda sans cesse qualifiée de porche . Cette forme de cécité n'a manifestement pas sa place dans les adaptations signées Henri Béhar . Nous lui exprimons notre gratitude amicale. POUR ACCEDER A LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

art-chitecture

France Inter nous a annoncé que la journée du 28 janvier 2008 allait être consacrée par la station à célébrer le dixième anniversaire de l'édification du Stade de France . On a ainsi entendu des journalistes successifs énumérer les noms de Platini, de Zidane, de Chirac, décompter les milliers de tonnes de béton, la température de l'air le jour de l'inauguration, etc. Pas une seule fois en une heure d'écoute n'a été prononcé... le nom des auteurs du stade. Imagine-t-on, à France Inter , séparer le nom d'un concerto de celui de son compositeur, ou décerner un prix littéraire à un roman dont on ne citerait pas l'auteur ? Ou annoncer une vente record dans le monde de la peinture sans préciser s'il s'agit de Bacon ou de Pollock ? Si les journalistes semblent trop souvent propager l'inculture, ce n'est pas parce qu'ils ignorent qui a conçu le Stade de France, ni seulement parce qu'ils manient le français avec une grande négligence, ma

quand les chiottes fuitent

Pour le francophone épris d'une langue claire et cohérente, la lecture et l'écoute de la presse exigent souvent des nerfs d'aciers, dont tous les lecteurs et tous les auditeurs ne sont pas pourvus... En français, lorsqu'une information confidentielle ne le reste pas, on dit qu'elle filtre (et inversement que " rien n'a filtré ") ou qu'elle transpire . C'est plutôt joli et très parlant. Mais dans Le Monde [du 29 novembre 2006] et dans Le Figaro [du 16 novembre 2007], des journaliste sans doute recrutés par inadvertance n'ont pas craint d'écrire :" Son nom a déjà fuité dans les médias " (Le Monde) ; " le cabinet du Premir ministre britannique a fait fuiter les termes d'un possible compromis " (Le Figaro). Organiser une fuite [ d'information ], voilà ce qu'il faut comprendre derrière l'effarant barbarisme "faire fuiter". Rappelons que l'action de fuir s'appelle une fuite

avalanche de principes de précaution

Directement sculptée dans la langue de bois politique, l'expression " principe de précaution " a connu un succès fulgurant à l'orée du vingt et unième siècle. Elle est encore très présente dans des tournures boursouflées telles que : " en vertu du principe de précaution " - dont la traduction en français correct tient en deux mots au lieu de six : par précaution ; ou par prudence . Toute prise de précaution relève d'un principe : la précaution. Le "principe de précaution" n'est donc qu'un pléonasme ronflant, un tic de langage à proscrire de son vocabulaire. De fait, on perçoit des signes annonciateurs de la décrue de cette sotte expression qui aura inondé le discours des années 2000 à 2010. Ainsi, à la suite de fortes précipitations de neige , le maire d'une petite ville des Alpes est interviewé sur les ondes d'une radio nationale française et annonce sa décision d'interdire provisoirement l'accès à la station

attention, consultance (sic)

On trouve avec effroi le terme de " consultance " (sic) employé par certaines universités françaises (Lyon, Grenoble , Toulon, Pau) pour désigner en réalité l'activité de conseil [aux entreprises]. La malformation de ce néologisme inutile est tellement criante qu'elle se passerait de commentaire. Nous allons quand même en faire deux. D'abord, il faudrait sérieusement s'alarmer du peu de vigilance lexicale de certains directeurs d'établissements d'enseignement supérieur. Les universités pré-citées ne sont pas les seules en cause. Il existe de belles Grandes écoles, fort difficiles d'accès, dont les intitulé de certains cours ou diplômes ne font pas moins froid dans le dos par leur absence de rigueur intellectuelle ou leur fragilité linguistique. Ensuite, il faudrait s'atteler à bannir une fois pour toutes du vocabulaire professionnel le terme de " consultant ", mot anglais signifiant - dans cette langue mais non dans la nôtre -