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Articles

Affichage des articles du octobre, 2009

groupes scolaires

La langue française contemporaine semble soumise à deux forces opposées qui nuisent ensemble à son équilibre : la simplification abusive de la syntaxe ; et la complication inutile du vocabulaire. Dans la deuxième catégorie de nuisances, on constate qu'un peu partout en France, les écoles sont devenues des " groupes scolaires ". Ceux qui promeuvent ce genre de boursouflures vous expliquent que ce n'est pas du tout la même chose, une école et un groupe scolaire . Or, si. Un groupe scolaire, c'est une école ou des écoles. Une école ou des écoles réunissant des classes élémentaires et maternelles, par exemple. Or, c'est bien le propre des écoles que de regrouper des classes différentes. S'en étonner et rebaptiser " groupe scolaire ", jusque sur leurs frontons, les écoles comprenant des classes de niveaux différents, de cycles différents, c'est non seulement compliquer inutilement le vocabulaire mais aussi jargonner sans retenue en arrachant

succès : un pays disparaît

C'est avec un vif plaisir que nous avons vu aboutir ce mois-ci notre longue action auprès de l'État français pour le renoncement à l'emploi du terme " pays " quand il s'agit de désigner un échelon administratif autre que l'échelon national. L'emploi du mot "pays" pour dénommer un petit ensemble de communes a son charme dans la langue courante : le Pays d'Auge , le Pays de Montbéliard sont des expressions qui remontent aux temps anciens où " rentrer au pays ", c'était revenir dans son village. Mais au cours des années 1990, diverses administrations territoriales ont créé des structures intercommunales solidaires ; emportées par un passéisme irréfléchi, elles se sont mises en tête de les baptiser pays . Officiellement adoptée en 1995 - et sans relâche combattue depuis par nos soins - cette nouvelle acception administrative du mot " pays " créait indiscutablement une confusion entre un échelon territorial cons

jeu pense donc jeu suit

Dans une chanson très justement intitulée Droit à l'erreur, l'exquise chanteuse francophone Amel Bent nous apprend ceci : " J'ai deux vents moi un mur qui m'empêche d'avancer " ; après quoi elle ajoute : " et jeu suit là pour peindre un condamné ." En fait, quand Amel Bent prononce " deux vents mois ", il faut comprendre " devant moi " (avec un e ouvert comme dans peur et non e fermé comme dans peu ). Et quand elle articule " jeu suit ", il faut comprendre " je suis ". Mais pour cette jeune femme comme pour des centaines de milliers d'autres professionnels de la communication verbale de langue française, la phonétique n'est pas une dimension pertinente du langage, et la prononciation exacte est un soin inutile. À tel point qu'Amel Bent n'est en réalité même pas là pour " peindre " un condamné, mais pour le " pendre ". Ou pour le " pondre " ? Allez savoir.

Outreau : la pudeur d'abord

" Je ne suis pas un technicien du droit qui ne compatit pas à la souffrance des autres mais j'ai d'abord une vraie compassion pour les enfants violés pendant des années ", a déclaré à la presse le juge jadis chargé d'instruire "l'affaire d'Outreau", pour justifier en ces termes son refus d'admettre l'effrayante gravité de ses bévues de juge d'instruction, lesquelles ont directement causé le suicide d'un innocent et mille autres souffrances imméritées. Voilà un professionnel de la langue qui ne sait pas ce qu'il dit. Ou bien un professionnel de la justice qui ne sait pas ce qui est juste. Moralement, Monsieur le juge, la compassion envers certaines victimes ne peut jamais légitimer l'absence de compassion envers d'autres. Un magistrat qui ne partage pas cette philosophie-là est dangereux. Votre mission n'a jamais été et ne sera jamais de protéger l'innocence des uns en foulant celle des autres. Il faut lai