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Articles

Affichage des articles du 2010

septs autre enfants (sic et resic)

L'année écoulée a coulé la liaison. Et spécialement, la liaison entre les adjectifs numéraux et les euros. Si l'on entend encore souvent " des euros " être prononcé " dê'z'eurô ", comme il convient, on n'entend pratiquement plus jamais " deux euros " être prononcé " deu'z'eurô ". Déboussolés à l'extrême et légèrement négligents, les journalistes de l'audiovisuel public français sont même capables désormais de placer une liaison fausse tout en supprimant les liaisons justes. Ainsi vous parlent-ils de " sept'z' autre enfants " [Journal télévisé de France 3 le 15 mars 2011] sans se reprendre ni être repris, selon une tendance que rien ne semble devoir inverser. Prononcer les liaisons exige un certain instinct de la grammaire et une connaissance minimale de l'orthographe qui en résulte. C'est sans doute ce qui explique la désaffection actuelle pour les liaisons : ne pas les prononcer,

INSEE : personnes questionnées

La Mission linguistique francophone s'inquiète de voir grandir une confusion majeure dans la construction des verbes les plus simples. Ainsi, le verbe enquêter . De nombreux organismes effectuant des enquêtes ne craignent pas d'évoquer "des personnes enquêtées". Le ministère de l'Écologie (décidément très fâché avec le français si l'on en juge par "le Grenelle environnement" et la "taxe carbone") ne craint pas de titrer une rubrique de son site officiel " entreprises enquêtées ". L'INSEE a donné le premier ce très mauvais exemple en jargonnant publiquement à coup de "millions de personnes enquêtées". Ses responsables prétendent même prier l'Académie française d'accepter leur acception... Or, on enquête sur des personnes, mais on n'enquête pas des personnes. Si l'INSEE veut absolument utiliser un forme transitive directe, il lui suffit de changer de verbe. On peut questionner des personnes ("

buzz et clavardage

En France, le secrétariat d'État à la Francophonie et le ministère de la Culture se partagent les obligations en matière de vitalité de la langue française. Le premier veille plutôt sur son rayonnement international, et le second sur sa vitalité intrinsèque. C'est dans ce cadre que vient d'être organisé un sympathique concours d'idées dont le sujet laisse cependant perplexe par endroits. Les participants ont été invités à inventer des mots francophones nouveaux pour parler du buzz , du talk , du chat , etc. Or, la question n'est pas ici d'inventer des mots nouveaux, mais de se souvenir que des mots français existent déjà. Et de le rappeler. Rappelons donc qu'un talk , c'est une conversation ou un débat , voire une causerie . Que du buzz , c'est de la rumeur ou du bruit (au sens figuré employé dans " beaucoup de bruit pour rien "). Et que to chat signifie très exactement bavarder . Pour franciser le chat anglophone cher aux internautes

cuisine mercatique

La mercatique [nom français du marketing ] aime en imposer aux masses, fut-ce au prix des pires préciosités de langage. Dans l'univers agro-alimentaire, la tendance actuelle des gens du marketing est à la cuisine lexicale que voici : délaisser les noms de recettes sobres construits sur le modèle de " pommes de terre sautées ", de " canard à l'orange " ou de " poisson pané " ; et réchauffer à satiété le principe du "sauté de veau" . Pour cela, il suffit de faire gonfler le participe passé (sauté) qualificatif  pour le transformer en substantif ( un sauté), puis de l'additionner du nom de l'ingrédient principal (veau), préalablement décortiqué sous forme de complément de nom ( de veau). Ainsi l' orange pressée devient-elle du " Pressé d'orange ". La bonne vieille boîte de thon en miettes devient un " Émietté de thon ". Et la purée congelée, un " Écrasé de pomme de terres au beurre "

en illimité et en individuel : ni queue ni tête

Dans la langue médiatique et publicitaire, l'adverbe et l'adjectif sont progressivement supplantés par une tournure employant la préposition " en ". Ainsi, au lieu d'un abonnement forfaitaire illimité , on vous vend les joies de la téléphonie " en illimité ". Au lieu d'un voyage individuel , les professionnels du transport et du tourisme nous proposent des excursions " en individuel ". L'adjectif n'est pas le seul à se retrouver ainsi emberlificoté dans l'ajout superflu de la préposition en . L'adverbe, souvent surnommé "adjectif du verbe", subit ce sort inconfortable jusque dans les colonnes du quotidien Le Monde , où l'on peut lire que " la violence se déchaîne en aveugle ". Ce serait joli si l'on pouvait présumer que la journaliste avait décidé de faire œuvre de poétesse. Hélas non : elle a simplement cédé à la tendance actuelle du français mercatique et médiatique à détruire l'adverbe

la mercatique

L' Académie française a administré la démonstration de sa fécondité en créant les néologismes francophones destinés à remplacer " software " ( logiciel ) ou " walkma n" ( baladeur - trouvaille presque géniale, qui renvoie à la fois à la ballade musicale et à la balade à pied ). On ne peut pas dire que la vénérable institution se soit montrée aussi bien inspirée lorsqu'elle s'est mise en tête de forger un terme de remplacement pour le mot anglais marketing , qu'elle a rebaptisé mercatique . À moins qu'il s'agisse d'une sanction délibérée... Car le mot mercatique est tellement voisin des adjectifs merdique et mercantile , l'un et l'autre péjoratifs, qu'on peut se demander si les académiciens français n'ont pas voulu châtier les praticiens du marketing, grands massacreur de la langue française, en imposant à leur discipline un nom aux saveurs infâmes. CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE

jeter des pierres ou caillasser ?

" Caillasser " est un verbe argotique que les dictionnaires les plus indulgents qualifient de familier. Les journalistes et politiciens nous relatent " le caillassage " d'une permanence politique ou d'un autobus de banlieur difficile, en supposant convenable cette manière de nous informer, alors qu'elle est grossière. Bientôt les éditeurs de dictionnaires, eux aussi, entérineront ce terme strictement argotique comme ne l'étant pas. Or, balancer des caillasses sur une saloperie de bahut pour tout péter, c'est sans doute ce qui s'appelle caillasser . Mais jeter des pierres sur un véhicule, c'est le lapider . Ou lui jeter des cailloux . Des cailloux, pas des " caillasses ", ce qui est argotique ou pour le moins familier. Chez tout professionnel de la langue, le choix d'un juste niveau de langue (littéraire, courant, familier, ordurier, argotique), c'est aussi la preuve d'un juste niveau de compétence profession

coopérants, coopératifs

Il y a impropriété de terme dans cette information : " Le suspect ne s'est pas montré coopérant ". Coopérant n'est pas un adjectif mais un nom commun employé pour désigner divers spécialistes envoyés en mission à l'étranger pour apporter à un pays ami leur coopération d'expert ou de pédagogue. L'adjectif qualifiant quiconque coopère est coopératif / coopérative . " Témoins et victimes se montrent plus coopératifs ." Ici,  coopératifs est le pluriel neutre mixte de cet adjectif. À ne pas confondre avec un odieux pluriel masculin patriarcal dominateur...

relamping

Avis aux amatrices et amateurs de frime techno-anglomane. La Mission linguistique francophone relève cette terminologie en ingénierie du bâtiment : " Prévoir le relamping de tous les luminaires par installation de lampes à basse consommation ". Donc, ne dites plus : " Zut ! L'ampoule des waters a encore pété, faut que je la change …"  Mais : " Trop nul ! Faut encore que je fasse du relamping dans les chiottes… ". [NDE : On trouve aussi la francisation relampage ] CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•] 

digital

En (vrai) français, le mot digital  est un adjectif. Et il n'a qu'une seule acception : est digital ce qui concerne les doigts ou se pratique avec les doigts. Tout dictionnaire qui vous soutient le contraire est bon à mettre au pilon, et sans regrets. Tournez-vous plutôt vers celui de l'Académie française... ou le nôtre !*. Vous y apprendrez que l'emploi fautif de " digital " au sens de " numérique " remonte aux années 1970 et résulte d'un mélange de snobisme anglomane et d'ignorance crasse de la langue anglaise alliée à une méconnaissance navrante de la langue française. Car nous vivons à l'ère numérique et non digitale, avec son économie et son marketing numériques et non digitaux, nous prenons des photos numériques et non digitales, nous écoutons des enregistrements numériques et non digitaux, etc. Sauf, bien sûr, pour ceux qui compteraient encore sur leurs doigts. * Les Faux amis de l'anglais , aux estimables éditions Be

températures en hausse, cours de la bourse en baisse

" Les températures sont reparties à la baisse ". Voilà comment une préciosité de la langue des chroniqueurs boursiers apparue dans les années 1980 (" le cours du dollar est reparti à la hausse ") influe sur le climat actuel de la langue française. La Mission linguistique francophone émet un avis de tempête sur les justes locutions en baisse et en hausse dont le naufrage est en vue, noyées sous les torrents de " à la baisse ", " à la hausse ". Cette substitution fautive est issue de la vaine adjonction du verbe "repartir", causant le tic journalistique  "sont repartis à la hausse"  au lieu du simple " sont en hausse".  Comme si toute baisse et toute hausse avait une précédente baisse ou précédente hausse mémorable dont il fallait faire état pour ne pas oublier que ce qui grimpe avait chuté après avoir déjà grimpé, déjà chuté, etc. Le verbe "repartir" est ensuite sous-entendu, et il ne reste que ce

C navrant

La Mission Linguistique Francophone constate avec embarras l'obstination dans l'erreur des directeurs des programmes de France 5 - pourtant définie comme "la chaîne du savoir" du groupe audiovisuel public France Télévisions. Ces fonctionnaires du savoir se flattent d'intituler leurs émissions C à dire (au lieu de C'est-à-dire ) ou C à vous (au lieu de C'est à vous), comme si la liaison [obligatoire en français dans les locutions usuelles ou lexicalisées] n'existait pas. À cela, nos décideurs culturels éminents ajoutent une faute de phonétique, puisque la syllabe " C'est " doit se prononcer avec un son Ê comme dans cerf ou fête , et non avec un son É comme dans l'épellation de la lettre C. Laquelle lettre C, par ailleurs, est communément admise en français comme abréviation pudique de mots obscènes :''c..'' [con], ''c..'' [cul] et ''c..illes'' [couilles]. Apparemment, nul conseill

l'assistanat est le fait d'être assistant et non assisté

Depuis quelques mois, le Président de la République française Nicolas Sarkozy et son Premier Ministre communiquent en termes strictement identiques - et strictement impropres - sur " l'assistanat " (aux personnes en situation matérielle difficile). Il s'agit en réalité d' assistance . Le terme assistanat désigne la situation d'un assistant , d'un adjoint. Ainsi, l'assistant-réalisateur de cinéma espère que ses années d'assistanat (c'est-à-dire durant lesquelles il a fait fonction d' assistant et non d'assisté !) lui permettront de se voir confier un jour la réalisation de ses propres films. Mais une personne qui vole au secours d'une autre ne lui porte pas assistanat, elle lui porte assistance . Quelques ouvrages lexicographiques francophones [dont l'encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia ] se sont hâtés de propager cette faute de français. Ils fournissent ainsi une caisse de résonance à une terminologie

participer à / participer de

La Mission linguistique francophone met en garde contre cette confusion, trop fréquente dans les milieux intellectuels, entre les deux constructions du verbe participer : participer à et participer de ne sont pas interchangeables, et moins encore synonymes. Participer à la fête , c'est y prendre part, y apporter sa contribution. Tandis que participer d e la fête, ce n'est pas en faire partie ni y participer ni y contribuer, c'est en avoir certaines caractéristiques. Ainsi peut-on dire très justement que "les bombardements de civils participent du meurtre" [ils ne participent pas au meurtre, ils y ressemblent à bien des égards]. Le psychiatre et infatigable mystificateur Jacques Lacan (1901-1981) était passé maître dans l'art d'impressionner ainsi à peu de frais son auditoire en nimbant de fausse profondeur des propos dont le sens échappait à tous, grâce à l'emploi de mots de liaison inattendus, de verbes dévoyés, de termes arbitrairement r

nommage

Les polyglottes s'esclaffent devant certaines bévues lexicales francophones, comme " le nommage ". Cette création malhabile est un néologisme québécois supposé traduire le participe anglais " naming ". Or, l'anglais naming - lorsqu'il désigne le fait d'attribuer un nom propre - se traduit parfaitement à l'aide de termes irréprochables inscrits depuis des siècles dans la langue française. Selon le contexte, l'un ou l'autre de ces mots fait l'affaire : désignation, appellation, dénomination, intitulé, ou même onomastique . "Défendre sa langue pour la protéger ou restaurer sa prétendue pureté originelle me répugne. Se résigner à ce qu’au fil des jours sa langue soit défigurée par de petits et grands outrages déclenche néanmoins en moi de petites et grandes colères." Jean-Marie Borzeix , Les carnets d’un francophone . Éditions Bleu Autour, 2006 (p 42). CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE

les bonzes amis de la francophonie

En 1818, un voyageur palois parvenu au Tibet apporta dans son havresac une édition des contes de Charles Perrault. Très impressionnés par la lecture qu'il leur en fit, les jeunes moines de Kumbum se prirent d'amitiés pour lui, et par-delà sa personne, pour la fiction francophone. Il en résulta ce dicton fameux, rapporté du plus haut pays du monde jusqu'à nous : les bons contes font les bonzes amis . Amis de la francophonie et des poissons d'avril, bien entendu .

autant pour moi ? au temps pour moi ?

La forme sensée de l'expression en question est bien " autant pour moi ", et non " au temps pour moi ", comme certains le soutiennent. Initialement, " autant pour moi !" était une sorte d'interjection militaire, par laquelle un supérieur, reconnaissant une bévue devant ses subalternes - et initialement, une injustice - s'attribue fictivement, en signe de contrition et de bonne foi, le même quantum de sanction (autant de pompes, autant de jours de consigne, autant de kilos de patates à éplucher, autant de réprimandes) que celui qu'il infligerait à un subalterne pareillement pris en faute : " autant pour moi ". Contrairement à une rumeur qui va se propageant dans certains dictionnaires de difficultés du français, et jusque sur les bancs de l'Académie française, il ne s'agit nullement d'une affaire de temps (musical) en milieu militaire. Selon cette explication compliquée dont nul bidasse n'a le souvenir, l'h

potentialités et fonctionnalités

Selon l'adage sarcastique " pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ", des millions de francophones, désireux de passer pour hyper-compétents à coup d'hypertrophie incorrecte de mots corrects, se sont mis à nous parler des "potentialités" plutôt que du potentiel des choses, et de leurs "fonctionnalités" plutôt que de leurs fonctions (notamment dans le jargon informatique). Ils ont bien tort. Car si notre langue cède à ce travers, par souci de lui conserver sa cohérence nous ne devrons plus calculer par additions ni par soustractions mais par additionnalités et soustractionnalités ; et nous devrons nous interdire de commettre des crimes passionnels dans des tunnels : nous serons contraints de passer aux crimes de passionnalité dans des tunnalités. On voit combien cette mauvaise pente, d'un ridicule particulièrement raide, est casse-gueule. Le mieux est de cesser de s'y aventurer. Fonctions et potentiels suffiront, partout o

le ministre américain des Affaires étrangères

Une fois pour toutes : cet homme n'a jamais été "le Secrétaire d'état américain" (sic) mais le ministre américain des Affaires étrangères. Big difference. En sa qualité de Secretary of State , cet homme, John Kerry, fut statutairement le membre le plus éminent du gouvernement des États-Unis, exception faite du président et du vice-président. Néanmoins, il existe encore dans les pays francophones des cohortes de professeurs d'histoire contemporaine, de politologues, de journalistes et de lexicographes qui le dénomment " Secrétaire d'État ", en raison de la similitude d'apparence entre le groupe de mots Secretary of State et le groupe de mots secrétaire d'État . Bien entendu, ils sont imités sans discernement par ces encyclopédistes plein d'amateurisme qui régentent doctement la version française de Wikipédia en y propageant la majeure partie des bourdes ambiantes. Ces professionnels et amateurs francophones du commentaire politique

la grande déglingue lexicale

Le snobisme s'est toujours logé dans le goût immodéré pour une langue distincte . Les snobs cédant à l'erreur de la croire distinguée,  pleine de distinction . Aujourd'hui, le snobisme langagier francophone consiste à employer un mot pour un autre, mais en l'empruntant au vocabulaire français même. Contrairement au snobisme anglomane ou la pédanterie latinisante, qui employaient par vanité un mot étranger à la place d'un mot français, le snobisme nouveau consiste à employer un mot francophone de sens faux à la place d'un mot francophone de sens juste. Le comité de néologie de la Mission linguistique francophone a choisi d'appeler cette fausse distinction la déglingue lexicale . " Quand tu enverras ton e-mail à Sylvestre, copie-moi ". Lorsqu'un collègue de travail vous demande ainsi de le copier au lieu de vous demander de lui adresser une copie , il savoure les délices fétides de la déglingue lexicale . Car demander à être copié au lie

les missions de la Mission

La  Mission linguistique francophone  est un organisme culturel international dont la vocation est d'encourager la pratique d'une langue française riche, vigoureuse et intelligible, par-delà les frontières et les modes. La  Mission linguistique francophone  s'attache notamment à rappeler quotidiennement aux professionnels de l'écriture et de la parole que le français est une langue vivante, donc vulnérable ; et qu'il leur appartient plus qu'à d'autres de veiller sur sa santé. La  Mission linguistique francophone  s'efforce de s'interposer chaque fois que notre langue subit des sévices répétés de la part des locuteurs et rédacteurs professionnels, où que ce soit dans le monde, mais spécialement dans son berceau même, la France, et particulièrement dans les médias de ce pays. La  Mission linguistique francophone  s'efforce d'empêcher la propagation des atteintes irréfléchies à la langue française, partout où son équilibre, sa sobriété et

photos par satellite

Satellite est un nom commun et parfois un nom propre qui peut se référer à divers secteurs des sciences et des techniques. Mais dans tous les secteurs, notamment dans ceux de la récitation télévisuelle et radiophonique de bulletins météorologiques, ou de la traduction de documentaires, l'emploi du mot satellite comme adjectif est un abus de langage et un viol syntaxique sans charme ni nécessité. On ne dit pas "photo satellite" mais photo (prise) par satellite ou photo satellitaire . De même qu'on ne parle d'une "photo nombre" mais d'une photo numérique . Parce que dans notre langue, les adjectifs et les substantifs ne sont pas interchangeables sans ménagements comme ils le sont dans d'autres idiomes, en particulier l'anglais. CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•] 

des monts ou démons ?

Le français de France a subi ces vingt dernières années une évolution phonétique alarmante : la quasi disparition du son " ê " en début et en fin de mot ou dans les mots monosyllabiques. "J e veux la paix !"  devient " je veux laper !" Il ne s'agit pas d'accent régional mais de paresse articulatoire : le son ê exige d'ouvrir un peu plus largement la bouche et serait donc trop fatiguant à prononcer. C'est ainsi que  la baie des Anges [avec impérativement deux sons " ê " bien ouverts, comme dans fête ] devient l'abbé Dézange [avec deux sons " é " tout fermés, comme dans bébé , à la place des deux sons " ê " de  baie et des ]. Constatée à chaque instant sur la langue des récitants de la presse parlée de France, la disparition quasi générale de la distinction entre  fée  et  fait , entre  démons  et  des monts , entre poignée et poignet , s'étend immanquablement aux autres locuteurs professio

taxe carbone et parataxe

Pour venir au secours de la terre, il est actuellement* question d'instaurer une taxe sur les émissions de carbone. Ce projet sans doute louable gagnerait à ne pas s'accompagner d'une création terminologique nuisible à la santé de notre langue. En effet, cédant à la mode de la suppression arbitraire des petits mots de liaison, les orateurs politiques annoncent une future " taxe carbone " (sic). Et les journalistes ne rectifient pas le tir. Ce n'est pourtant tout simplement pas du français. En français, les substantifs sont qualifiés par un adjectif ou par un complément de nom : on mène une vie professionnelle et non " une vie métier " ; on écoute le chant du coq et non " le chant coq ". C'est une donnée syntaxique toute simple qui assure le fonctionnement harmonieux de notre langue. Pour en revenir au jargon " taxe carbone ", ce viol de la syntaxe par la terminologie fiscale est une funeste nouveauté. Jusqu'à pré

la grande affaire des "supports papier"

Une administration nous écrit : " Vous enverrez le document sous forme numérique et sous forme papier ". La notion difforme de " forme papier " (sic) s'est imprimée depuis quelques années dans les esprits. Il faudrait l'en effacer, et dire tout simplement : " Vous enverrez le document sous forme numérique et sur papier ". Si toutefois les agents administratifs tiennent à employer la locution " sous forme ", la Mission linguistique francophone leur rappelle que cette expression exige d'être suivie soit d'un adjectif (" sous forme liquide "), soit d'un complément de nom (" sous forme de liquide "), soit d'un participe passé passif tenant lieu d'adjectif (" sous forme liquéfiée "). Or, le mot papier n'est ni un participe passé ni un adjectif. Il ne peut donc pas qualifier un autre substantif sans être intégré à un complément de nom correctement formé au moyen d'une préposition