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Articles

Affichage des articles du octobre, 2011

primaires citoyennes

Pour désigner une élection primaire, c'est-à-dire la première étape d'un processus électoral important, on a coutume de parler de " primaire ". Ou de " primaires ", au pluriel, si cette première étape comprend plusieurs scrutins successifs ou simultanés. Sur le plan linguistique, une primaire est un adjectif substantivé : un adjectif transformé en nom de chose. Ce procédé de style a toujours existé : le beau (pour la beauté ), le pire (pour ce qui peut nous arriver de pire ). Mais l'emploi d'adjectifs substantivés peut aussi relever d'une ignorance de la valeur syntaxique des mots. Les adjectifs substantivés sont alors une affection du langage. Et notre langue est actuellement couverte de ces pustules : des portables (téléphones ou ordinateurs ?), des consommables, des livrables, l'international, l'événementiel, les scolaires , etc. Journalistes et politiciens de France - tous professionnels de la langue, pourtant, et tous francopho

commanditaire, et non donneur d'ordres

À de très rares exceptions près, l'expression " donneur d'ordre" est incorrecte en français, parce qu'elle est employée par méprise sur le sens des termes qui la composent. Le mot anglais order signifie ordre , à tous les sens du terme français : l'ordre ordonné ( remettre en ordre ), ou l'ordre ordonnant ( donner des ordres ). Mais l'anglais order doit parfois se traduire par portion ( une portion de frites ), car le verbe to order signifie aussi commander, passer commande ; or une portion de frites est comprise par la langue anglaise comme une commande de frites , c'est-à-dire comme l' ordre donné et reçu de servir une certaine quantité de frites. Le mot anglais order est donc en partie un faux ami . À ce titre, il a fait germer en français contemporain une curieuse manière de dénommer ses clients, manière un rien brutale et oublieuse de du sens des mots : les donneurs d'ordre ! En réalité, il s'agit de ceux qui nous pas

les trois jalousies

Elle n'était plus de première jeunesse, mais toujours de première joliesse. Son amant l'adorait telle que l'âge l'avait faite. Hélas, selon le proverbe italien rapporté par Stendhal dans De l'amour : " Femme que jeunesse quitte, d'un rien se pique "... La jalousie de la dame était donc extrême. Mais de quelle jalousie parlons-nous ? Le français, comme beaucoup de langues, ne dispose que d'un mot pour trois sentiments distincts. Voilà un terrain de jeu pour les mordus de néologismes. Ceux qui s'égarent souvent à encombrer la langue de création inutiles quand des mots clairs et distincts existent. Tandis que la jalousie n'est pas claire, et nous manquons de mots pour l'exprimer finement. La femme qui est jalouse d'une inconnue parée de bijoux enviables mais qui n'est pas sa rivale sentimentale n'éprouve pas le même sentiment que la femme trompée qui en conçoit de la jalousie. Et celle-là n'est pas exactement dans l

les accidents voyageurs de la RATP

La RATP peine à formuler en français impeccable ses annonces sonores ou écrites. Tel un étranger s'égarant dans le dédale des couloirs, elle s'égare dans le sens des mots les plus simples. Ainsi la RATP annonce-t-elle des accidents voyageurs (sic) ou, mieux, des accidents de voyageurs . Or, en français, quand un bébé est victime d'un accident domestique et qu'on appelle à l'aide, on ne dit pas : " Au secours ! J'ai un accident de bébé " ! Par cette maladresse voulue (" Un accident de voyageur à la station Georges V ..."), on subodore que la RATP répugne à assumer le fait que des voyageurs soient victimes d'accidents dans le métro. Ou qu'ils s'y blessent accidentellement. Voire volontairement (tentatives de suicide). Alors, elle invente " l'accident de voyageur ". Comme ça, c'est la faute à personne. La Mission linguistique francophone rappelle donc que, partout dans le monde francophone, hélas, des pe