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Affichage des articles du 2014

choisissez bien, choisissez "but" !

Chers commentateurs sportifs bien-aimés ! Toujours si prompts à doper leur discours médiatique à grands coups de pompe ! Et quand ce n'est pas la pompe argotique, c'est la pompe des pompeux... Ce jour, sur France 2 [chaîne nationale de la télévision française], un spécialiste des jeux de ballon nous annonce qu'un habile footballeur a " marqué deux réalisations " à lui tout seul. Autrement dit, il a marqué deux buts . Cette terminologie outrée apparaissait déjà dans des commentaires du type " Machin a manqué de réalisation ". Ce qui signifiait que le Machin en question n'avait marqué aucun but, malgré diverses tentatives en ce sens pour lesquelles on le rétribue grassement. Au prix de revient de ces buts manqués, le but marqué n'a plus de prix. Alors, mieux qu'un but atteint, c'est une réalisation réalisée... Quand le gardien de but sera devenu gardien de réalisations , le français médiatique aura marqué un but de plus contre son camp.

le contraire des documents numériques

La notion de document numérique ou informatique s'oppose désormais à celle de document produit sur papier , document imprimé , document manuscrit , document matériel ou matérialisé , document sur papier . Comment exprimer cette matérialité qui allait autrefois de soi ? Une chose est certaine : le contraire de " document numérique " n'est pas " document papier " ni " version papier " ni " édition papier " ! Ces formulations aberrantes, devenues majoritaires dans le français administratif, sont réprouvées par les autorités linguistiques francophones [Académie française, Office québecois de la langue française, Mission linguistique francophone], car un tel emploi de papier comme adjectif exprimant le contraire de numérique ou électronique est fautif sans discussion possible ; tout simplement parce que le mot papier n'est pas un adjectif. Des dizaines de millions de francophones semblent ne plus en avoir conscience, et s'

le web est mort mais internet est vivant

Le Web est mort en Francophonie, mais internet est vivant. Le Journal officiel de la République française a publié les seuls termes admis en français pour désigner the Internet ou the World Wide Web . Ce sont internet ,  toile , toile mondiale ou toile d'araignée mondiale . Pour ce dernier, le sigle TAM est aussi accepté. Mais les trois lettres WEB ne le sont plus. La Mission linguistique francophone a constaté que les administrateurs autodidactes de la version francophone de Wikipédia ne tenaient aucun compte de cette évolution et persistaient - au prix d'éventuelles rétorsions rageuses contre leurs contradicteurs mieux éclairés - à dénommer "sites Web" les sites internet. Dommage de se cramponner avec un tel passéisme à cette traces de rouille d'une autre ère numérique. Surtout lorsqu'on a le privilège insigne de régenter la langue pratiquée par les francophones avides du savoir encyclopédique qui scintille sur la toile mondiale tissée par la précie

loin s'en faut

Très prisée de certains orateurs politiques et commentateurs médiatiques, l'expression " loin s'en faut " (sic) est une contorsion vide de sens, qui résulte de l'hybridation difforme de deux ou trois expressions, toutes parfaitement correctes quand on ne les mélange pas : loin de là et il s'en faut de beaucoup ou il s'en faut de peu , avec un zeste de loin de moi cette idée. On s'étonne que des êtres doués de raison, et ayant pour mission ou pour ambition de régler le fonctionnement de la vie sociale, s'égarent à ce point dans l'absurde et soient à ce point privés de la capacité de s'assurer qu'une formule dont ils se gargarisent possède bien une queue et une tête. Car vraiment,  c'est quoi Monsieur le Sénateur un loin qui s'en faut ? Vous pouvez nous en faire l'analyse grammaticale ? Certes non. Vous qui ne pérorez pas dans les médias, n'allez pas non plus imaginer que " loin s'en faut " vous fer

relations publics

Cette faute d'orthographe manifeste est en réalité un barbarisme insidieux, inventé par idolâtrie du jargon des affaires, entre communicants fiers de leur perte de repères linguistiques et logiques, et désireux d'en faire largement étalage. Voici de quoi il retourne. En France, quelques agences spécialisées dans les relations publiques se sont regroupées dans le syndicat Syntec, dont le président a tenté de promouvoir entre 2010 et 2016 la notion de "relations publics" (sic). Désignation ahurissante adoptée depuis par une des sociétés ainsi syndiquées, à l'instigation de l'inventeur ci-contre, dont il convient de taire le nom par humanité. Cette tournure grammaticalement fautive se veut calquée sur le modèle d'autres expressions incorrectes telles que "les relations investisseurs" (sic) [au lieu de les relations avec les investisseurs ] ou "la relation clients" (sic) [au lieu de la relation commerciale ou les relations avec les cl

en interne, en individuel, en sous-scutané : triple faute

Les francophones qui ne s'alarment pas de la disparition du complément de nom correctement formé (" votre numéro de compte ") au profit de juxtapositions imitées de l'anglais (" votre numéro client ") ne s'alarment pas d'une altération profonde de la syntaxe du français. Ils invoquent l'intérêt de simplifier toute langue, et saluent l'économie d'effort d'articulation procurée par la suppression du mot " de "... On doit se réjouir que la paresse soit une si haute vertu à leurs yeux, car on s'en attristerait en pure perte. Mais alors, on s'étonne de leur acharnement à ajouter ailleurs des mots superflus. Dans l'entreprise, les réunions internes deviennent des réunions " en interne ". Selon le même travers, on peut lire ce matin dans la presse nationale française le compte rendu d'une expertise médicale concernant un rocker francophone : un épanchement " en sous-cutané " y est décrit.

mûr et immature

Il manque à notre langue des mots tout simples. Tels certains antonymes [ces termes de sens opposés, comme joie et tristesse ] qui restent à inventer. Ainsi, l'exact antonyme de profond n'existe pas en français. Notre langue s'en tire par des périphrases comme " peu profond " ou " pas profond ". L'adjectif " superficiel " fonctionne aussi comme antonyme de profond , mais seulement dans certains sens propres ( une plaie superficielle ) et certains sens figurés ( une analyse superficielle ). Au sens général, il ne convient pas : un estuaire est profond ou peu profond , il n'est pas " superficiel ". Inversement, l'adjectif mûr possède un antonyme bien connu : immature . La force de cet antonyme est telle qu'un grand nombre de professionnels de la langue (journalistes, essayistes, politiciens, publicitaires) et de professionnels de la maturité (psychologues, enseignants) en perdent leur français: ils croient q

le prestige serait-il mort (de rire) ?

La télévision nationale française lance une nouvelle grande émission de parlotte (de la radio filmée, si l'on préfère) intitulée Un soir à la Tour Eiffel , dont la présentatrice explique à la presse qu'il s'agit d'un " programme* autour d'un invité prestigieux ". Et de nous livrer les noms des trois premiers invités de prestige : trois amuseurs publics. Pas de grand inventeur, pas de héros de la paix, pas de souverains exemplaires, pas de géante ni de géant de la pensée ou de l'action. Juste trois amuseurs de renommée passagère, nettement paillards pour deux d'entre eux. Voilà l'idée que les décideurs de l'audiovisuel public français se font du " prestige " : une bonne tranche (horaire) de rigolade en compagnie d'une animatrice morte de rire rien que d'y penser. * programme est ici un anglicisme employé à la place du français émission. CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•

sortir de l'impôt

Dans un français de très bas étage qui lui semble convenable, un inspecteur des finances jargonne à l'oreille d'un ministre, voire d'un Premier ministre, et la langue tout entière est contaminée par une ineptie de plus. Tel est le statut de l'expression " sortir de l'impôt ". Car l'impôt n'est pas un lieu ni même une condition. On ne saurait donc en "sortir" et moins encore en être sorti par la loi. En français, on est exonéré ou dispensé de payer des impôts, on échappe à l'imposition. On est ainsi sorti du pétrin, mais on n'est pas " sorti de l'impôt " (sic). Reprise sans guillemets ni distance par toute la presse écrite, parlée et audiovisuelle de France et de Navarre, une telle impropriété de terme, une telle négligence d'expression contamine la langue vivante en quelques heures. Tout laisse craindre qu'elle y laissera une cicatrice disgracieuse, comme l'a déjà fait l'emploi trivial du même

noms de fonctions en charabia : la RATP donne l'exemple

Sœur de la journaliste Christine Ockrent , Isabelle Ockrent peut apparaître comme une femme déterminée et sûre d'elle, puisqu'elle a réussi à se hisser au poste élevé de Directrice de la communication et de la marque de la RATP (1). Mais ce serait mal la connaître : la Directrice de la communication et de la marque de la RATP est une femme timide, souvent même effacée. En voici la preuve. Madame Ockrent assiste de plein droit aux conseils d'administration de la RATP. Il en va de même pour son éminent collègue François Saglier . Ces deux cadres supérieurs se voient donc régulièrement, et sur un pied d'égalité hiérarchique. La seule différence entre eux consistant en ceci : il est du ressort d'une directrice de la communication de veiller à la bonne formulation de tous les intitulés officiels, y compris les noms de fonctions. Malgré cela, et certainement en raison d'une timidité invalidante plutôt que d'une incompétence coupable, la directrice de la c

la rediffusion du replay

Sur France Info, il existe* une émission dans laquelle Céline Asselot s'efforce de nous intéresser au web mais aussi au print , émission de grande écoute qu'elle a intitulée " Le replay " (sic). Heureusement qu'on est sur France Info, on pourrait en douter... Fondée historiquement par des anglophiles notoires, La Mission linguistique francophone brille par son absence d'aigreur à l'encontre de l'hégémonie internationale de la langue anglaise. Les observateurs de notre institution tiennent ce fait culturel pour acquis. Constat indéniable et nullement attristé, qui n'est pas incompatible avec celui-ci : l'équilibre de la langue française et sa belle vitalité exigent le refus de l'anglomanie de pure paresse ou de pur snobisme, tel qu'il irrigue la langue médiatique et commerciale. La paresse consiste à ne pas employer de termes existant en français mais à céder au courant destructeur alimenté par des médias qui promeuvent à satié

pôle oncologique, oncopôle

Le français appartient au groupe des langues gréco-latines, et non à celui des langues agglutinantes telles que le hongrois, le basque ou le coréen. Dans les langues non agglutinantes comme la nôtre, il existe une syntaxe fondée sur les rapports logiques entre les mots, laquelle constitue une évolution linguistique par rapport à la création d'un mot composite dans lequel son agglutinés des éléments de base porteurs de diverses significations. Des termes comme écoresponsable , cybercriminalité , eurosceptique ou Oncopôle opèrent une régression vers le stade agglutinant. Ce sont des néologismes forgés par imitation d'autres langues ou pour épater l'ignorant mais déconnectés du sentiment linguistique francophone : ils font fi de la nature syntaxique de notre langue qui procède par assemblages de mots distinct s ; tel assemblée nationale et non nationassemblée , ou crise d'adolescence et non adocrise . Mesdames et messieurs les rares cancérologues de renom qui pri

de et deux, se et ceux, que et queue

Queue s'est-il passé [que s'est-il passé] ? Un nouveau juge ceux saisis du dossier [se saisit du dossier]  et l'enquête ceux concentrent maintenant [se concentre maintenant] sur le fils. Deux nouveaux entendus [de nouveau entendu] , il nie toute implication. " (Jean-Marc Morandini) Ce commentateur judiciaire, dont le métier est de nous parler de façon distincte, ne parvient pas à respecter la différence importante entre les sons "E" et "EU". Il ne semble pas entendre les différences majeures entre cela et ceux-là ,  entre de moi et deux mois , entre deux nouveaux et de nouveau , entre " Que de poissons !"  et queue de poisson , entre se saisit et ceux saisis , entre  je et jeu . Pourtant, cette distinction n'est ni négligeable ni infime mais au contraire tellement marquante qu'elle se distingue massivement dans une foule d'autres mots, comme " peu " et " peur ", " feu " et " fleur

politiquement infantile

La Mission linguistique francophone émet une réserve sur la formulation " papa d'un petit garçon ", " maman d'une petite fille " dans la biographie officielle d'élus ou de candidats à des élections nationales. C'est un registre de langue doublement infantile qui convient dans un hall de crèche mais pas en assemblée représentative de la nation. Passons sur le "petit" garçon (qui bientôt ne le sera plus, espérons). Mais ne passons pas sur l'emploi régressif des surnoms enfantins, ou noms propres privés, Maman et Papa au lieu des noms communs exacts mère et père qui seuls désignent en français adulte le statut de chacun des parents. Chers candidats, chers élus, ce sont les enfants et eux seuls qui appellent leurs parents " papa et maman ". Or, vos électeurs ne sont pas vos enfants... Et ce n'est pas votre intimité parentale qu'ils élisent.

Poupée de cire, poupée de son

France 2, chaîne de télévision nationale, a coutume de diffuser et rediffuser chaque année un même documentaire sur le concours de la chanson de l'Eurovision. Bonne idée, car il est très bien fait. Mais ce serait une meilleure idée encore d'en supprimer un commentaire qui se veut élogieux mais se montre déconcertant d'incompréhension de l'art de Serge Gainsbourg dans son brillant maniement de la langue française et son talent d'auteur. Dans ce documentaire de France 2, pour vanter la chanson Poupée de cire, poupée de son ,  un sympathique ex-animateur nommé Patrick Sabatier en fredonne la mélodie et assène ensuite : "bon, avec une mélodie pareille, c'était pas grave d'avoir des paroles, "poupée de cire, poupée de son", disons-le, sans grand intérêt, assez enfantines."  Et paf dans ta gueule, Serge ! Puisque ce documentaire est diffusé et rediffusé, c'est que personne au sommet ni à la base de la direction des programmes de Franc

nouvelle carte des régions de France

La refonte de la carte des régions administratives françaises est un projet auquel la Mission linguistique francophone apporte son soutien actif, et pour lequel elle a donc formulé une proposition créative. Cette proposition (ci-contre et ci-après) diffère de celles débattues initialement dans l'arène politique, en ce qu'elle ne commet pas la même erreur intrinsèque : apparier plus ou moins adroitement des régions existantes, alors même que ces régions sont vouées à disparaître.   Il y a là une faille logique importante dans laquelle s'embourbent les projets et contre-projets soumis à l'appréciation des élus et de l'opinion. De plus, en tant que module de base de fabrication des nouvelles régions, les actuelles régions sont surdimensionnées pour permettre d'opérer une refonte territoriale innovante avec la finesse voulue. Par ailleurs, la question onomastique (la problématique des noms propres) a été laissée de côté jusqu'à présent, comme si la f

portable, consommable, livrable

Le vingt et unième siècle a apporté aux francophones la manie de désigner les choses non plus par des noms communs mais par des adjectifs. Et souvent des adjectifs à désinence en - able . S'il fallait aujourd'hui inventer un nom pour  la bouteille ou  le lit , nul doute que ce seraient respectivement la remplissable et le dormable . Ces exemples n'ont rien de caricatural puisque le monde francophone, désormais, consomme des consommables , se fait livrer des livrables  et porte avec soi des portables (téléphones ou ordinateurs - who cares ?). Dans les jargons professionnels, les événements sont devenus des événementiels , les références des référentiels , de bonnes relations sont devenues un bon relationnel, comme le fait de savoir écrire est désormais un bon rédactionnel , et tout à l'avenant. La Mission linguistique francophone met en garde les créateurs de désignations commerciales et les inventeurs de termes techniques contre cette tendance. Elle constate

les accidents de la RATP

Dans son Journal atrabilaire , Jean Clair a immortalisé les sévices que les annonces sonores de la RATP font quotidiennement subir à la langue française, directement dans les oreilles des millions d'usagers du métro parisien. Ces fautes sont tellement lourdes qu'elles font grimacer ou sourire certains voyageurs... Mais la plupart d'entre eux prennent au contraire les messages publics de la RATP pour modèles, supposant - bien à tort - que la direction de la communication de cette entreprise de service public met un point d'honneur à les formuler dans un français impeccable. On remarque que la RATP aime les circonlocutions, mais se prend facilement les pieds dans le tapis (roulant ?) de la syntaxe ou du style. Elle ne dit pas " suicide " ni " tentative de suicid e", elle dit " accident grave de voyageur ". On peut comprendre son souci de ne pas appeler un suicide par son nom afin de ne pas heurter les âmes sensibles. Mais on peut moin

demander à aller en pension

Sous le titre " Je veux aller en pension ",  paraît dans Le Parisien n°21624 un article qui débute ainsi : " Les notes du trimestre sont catastrophiques et tout à coup, votre ado vous demande d'aller en pension." La journaliste a confondu la directive donnée à autrui de faire quelque chose (je te demande de le faire) avec la volonté de faire quelque chose soi-même (je demander à le faire). Et ainsi nous raconte-t-on par mégarde l'histoire d'un adolescent qui demande à ses parents de partir à sa place en pension. Sans doute pour lui laisser les coudées franches près du radiateur au fond de la classe... et couper court à leurs remarques sur sa mauvaise maîtrise du français, accompagnées peut-être de cette moquerie : " continue à baragouiner comme ça et tu deviendras journaliste ". CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•] 

employabilité : aptitude à l'emploi

La critique du terme employabilité nous donne l'occasion de rappeler l'observation extrêmement judicieuse de la physicienne et lexicographe Colette Galeron : " L'anglais est une langue du mot, le français une langue de la phrase ". Pour jauger l' aptitude à l'emploi (alias " employability "), ce dont le français a besoin n'est pas forcément un néologisme pesamment construit à l'imitation de l'anglais, mais une idée exprimée avec humanité en joignant naturellement quelque mots simples, inusables et justes. Surtout lorsque l'alliance équilibrée de mots justes ( aptitude à l'emploi - six syllabes) ne coûte pas une syllabe de plus que le façonnage d'un néologisme patibulaire ( employabilité - six syllabes aussi). POUR ACCEDER A LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

choisir entre dommage et dommageable

On entend souvent remplacer le simple " c'est dommage " par "c'est dommageable". Or, les deux significations ne se confondent pas. Du moins ne se confondaient-elles pas avant cette dérive. L’expression « c’est dommage » (dont la forme superlative donne "c'est bien dommage") est synonyme de " c’est regrettable, c’est fâcheux, c'est désolant, c’est malheureux, ce n’est pas de chance ». Voltaire, par exemple, se lamente en ces termes dans Candide : "C 'est bien dommage qu'elle soit devenue si laide ". Mais dire « c’est dommageable » implique explicitement le constat d'un authentique dommage, d'un préjudice, d'une perte de valeur. " C'est dommageable " n'exprime pas une simple déception mais un préjudice ouvrant éventuellement droit à réparations, selon les termes de l'article du Code civil, bien connu des juristes français : « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un

mondial ou global ?

Le réchauffement climatique de notre planète s'appelle en anglais " global warming ", parce que l'adjectif global qualifie en anglais ce qui se rapporte au globe (terrestre). L'adjectif français global n'a pas ce sens. En français, les termes global , globalité et globalement se rapportent à un tout, mais qui n'est pas la terre entière. En français, ce qui concerne tout le globe terrestre est planétaire ou mondial . Employer " global " pour signifier mondial ou international est donc un anglicisme ; et plus précisément, une faute de traduction banalisée par d'inattentifs traducteurs professionnels et d'innombrables dilettantes de la traduction exerçant le métier de journaliste ou de rédacteur publicitaire. Il en va de même pour la globalisation (ou globalization ) du vocabulaire géopolitique, qui appartient exclusivement à la langue anglaise et s'appelle en français la mondialisation. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL

le support papier, un monstre administratif

Le mot papier n'est pas un adjectif. Les formules l'employant comme qualificatif sans l'équiper de la construction grammaticale appropriée - de papier, en papier, sur papier - sont donc des solécismes à proscrire. Le vocabulaire le plus simple est perdu de vue en même temps que le jargon s'hypertrophie. La syntaxe s'en détache par lambeaux. Dans les administrations - et par contagion dans la vie courante - on assiste à la mutation du mot papier en une sorte d'adjectif invariable. Un terme sans statut grammatical précis, accolé à divers autres pour exprimer l'idée de documents palpables et lisibles à l'œil nu, par opposition à ceux dont la lecture exige un écran informatique. Par un excès de précision irréfléchi doublé d'un viol de la syntaxe, on ne nous demande plus de remplir un imprimé ni de fournir nos papiers, on nous demande de transmettre un document " sur support papier " ou pire " au format papier ", voire &quo