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Affichage des articles du septembre, 2014

le prestige serait-il mort (de rire) ?

La télévision nationale française lance une nouvelle grande émission de parlotte (de la radio filmée, si l'on préfère) intitulée Un soir à la Tour Eiffel , dont la présentatrice explique à la presse qu'il s'agit d'un " programme* autour d'un invité prestigieux ". Et de nous livrer les noms des trois premiers invités de prestige : trois amuseurs publics. Pas de grand inventeur, pas de héros de la paix, pas de souverains exemplaires, pas de géante ni de géant de la pensée ou de l'action. Juste trois amuseurs de renommée passagère, nettement paillards pour deux d'entre eux. Voilà l'idée que les décideurs de l'audiovisuel public français se font du " prestige " : une bonne tranche (horaire) de rigolade en compagnie d'une animatrice morte de rire rien que d'y penser. * programme est ici un anglicisme employé à la place du français émission. CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•

sortir de l'impôt

Dans un français de très bas étage qui lui semble convenable, un inspecteur des finances jargonne à l'oreille d'un ministre, voire d'un Premier ministre, et la langue tout entière est contaminée par une ineptie de plus. Tel est le statut de l'expression " sortir de l'impôt ". Car l'impôt n'est pas un lieu ni même une condition. On ne saurait donc en "sortir" et moins encore en être sorti par la loi. En français, on est exonéré ou dispensé de payer des impôts, on échappe à l'imposition. On est ainsi sorti du pétrin, mais on n'est pas " sorti de l'impôt " (sic). Reprise sans guillemets ni distance par toute la presse écrite, parlée et audiovisuelle de France et de Navarre, une telle impropriété de terme, une telle négligence d'expression contamine la langue vivante en quelques heures. Tout laisse craindre qu'elle y laissera une cicatrice disgracieuse, comme l'a déjà fait l'emploi trivial du même

noms de fonctions en charabia : la RATP donne l'exemple

Sœur de la journaliste Christine Ockrent , Isabelle Ockrent peut apparaître comme une femme déterminée et sûre d'elle, puisqu'elle a réussi à se hisser au poste élevé de Directrice de la communication et de la marque de la RATP (1). Mais ce serait mal la connaître : la Directrice de la communication et de la marque de la RATP est une femme timide, souvent même effacée. En voici la preuve. Madame Ockrent assiste de plein droit aux conseils d'administration de la RATP. Il en va de même pour son éminent collègue François Saglier . Ces deux cadres supérieurs se voient donc régulièrement, et sur un pied d'égalité hiérarchique. La seule différence entre eux consistant en ceci : il est du ressort d'une directrice de la communication de veiller à la bonne formulation de tous les intitulés officiels, y compris les noms de fonctions. Malgré cela, et certainement en raison d'une timidité invalidante plutôt que d'une incompétence coupable, la directrice de la c

la rediffusion du replay

Sur France Info, il existe* une émission dans laquelle Céline Asselot s'efforce de nous intéresser au web mais aussi au print , émission de grande écoute qu'elle a intitulée " Le replay " (sic). Heureusement qu'on est sur France Info, on pourrait en douter... Fondée historiquement par des anglophiles notoires, La Mission linguistique francophone brille par son absence d'aigreur à l'encontre de l'hégémonie internationale de la langue anglaise. Les observateurs de notre institution tiennent ce fait culturel pour acquis. Constat indéniable et nullement attristé, qui n'est pas incompatible avec celui-ci : l'équilibre de la langue française et sa belle vitalité exigent le refus de l'anglomanie de pure paresse ou de pur snobisme, tel qu'il irrigue la langue médiatique et commerciale. La paresse consiste à ne pas employer de termes existant en français mais à céder au courant destructeur alimenté par des médias qui promeuvent à satié

pôle oncologique, oncopôle

Le français appartient au groupe des langues gréco-latines, et non à celui des langues agglutinantes telles que le hongrois, le basque ou le coréen. Dans les langues non agglutinantes comme la nôtre, il existe une syntaxe fondée sur les rapports logiques entre les mots, laquelle constitue une évolution linguistique par rapport à la création d'un mot composite dans lequel son agglutinés des éléments de base porteurs de diverses significations. Des termes comme écoresponsable , cybercriminalité , eurosceptique ou Oncopôle opèrent une régression vers le stade agglutinant. Ce sont des néologismes forgés par imitation d'autres langues ou pour épater l'ignorant mais déconnectés du sentiment linguistique francophone : ils font fi de la nature syntaxique de notre langue qui procède par assemblages de mots distinct s ; tel assemblée nationale et non nationassemblée , ou crise d'adolescence et non adocrise . Mesdames et messieurs les rares cancérologues de renom qui pri

de et deux, se et ceux, que et queue

Queue s'est-il passé [que s'est-il passé] ? Un nouveau juge ceux saisis du dossier [se saisit du dossier]  et l'enquête ceux concentrent maintenant [se concentre maintenant] sur le fils. Deux nouveaux entendus [de nouveau entendu] , il nie toute implication. " (Jean-Marc Morandini) Ce commentateur judiciaire, dont le métier est de nous parler de façon distincte, ne parvient pas à respecter la différence importante entre les sons "E" et "EU". Il ne semble pas entendre les différences majeures entre cela et ceux-là ,  entre de moi et deux mois , entre deux nouveaux et de nouveau , entre " Que de poissons !"  et queue de poisson , entre se saisit et ceux saisis , entre  je et jeu . Pourtant, cette distinction n'est ni négligeable ni infime mais au contraire tellement marquante qu'elle se distingue massivement dans une foule d'autres mots, comme " peu " et " peur ", " feu " et " fleur