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Articles

Affichage des articles du juin, 2016

défense et attaque de Didier D., orateur footballistique

En France, une émission satirique de la télévision [ Le Petit Journal ] se délecte de railler la diction d'un dirigeant du football de ce pays, M. Didier Deschamps, qui serait coutumier de ne pas prononcer correctement la lettre X et de la remplacer par le phonème S : un homme d' espérience au lieu d' expérience . Chez l'intéressé, cette élision du son x relève d'un accent régional. Cela ne prête donc pas à la critique acerbe, contrairement à la prononciation ignare de " archet " comme " archer ", selon une désaffection pour la justesse des voyelles qui conduit des cohortes de professionnels de la diction sans le moindre accent régional pittoresque à nous dire " elle voulez " au lieu de " elle voulait ", ou à nous parler de la cote au lieu de la côte et inversement. Ce qui est beaucoup plus désolant dans le discours du locuteur que nous venons de défendre pour sa diction, c'est le massacre de la syntaxe qu'il p

fuiter : un cas d'inceste barbare

Non, un homme politique ne laisse pas " fuiter " une information dans la presse. Il la laisse échapper , il la laisse filtrer , parfois même il la distille ou il la divulgue . Quand un parent et son enfant font ensemble un autre enfant, cela procède de l'inceste. Le résultat n'est pas toujours heureux. Il existe des incestes dans la famille des mots, et les anomalies génétiques n'y sont pas moins affligeantes. Par exemple : le verbe FUIR engendre le substantif FUITE . Quand des journalistes accouplent le parent FUIR et son enfant FUITE , ils enfantent sans vergogne le verbe FUITER (sic), dont le caractère dégénéré n'échappe qu'à eux...  La Mission linguistique francophone s'est émue de cette monstruosité sémantique dès son apparition publique, en janvier 2008 . Quatre ans plus tard, le 2 février 2012 , l' Académie française nous a suivis et a insisté pour que les journalistes chassent de leur esprit le barbarisme fuiter (sic), l

Eurovision : la décideuse qui se flatte d'avoir rendu la francophonie aphone

Les responsables de divertissements télévisuels de 24 pays d'Europe sur 26 ont choisi, pour le concours de l' Eurovision 2016 , des chansons anglophones ou pseudo-anglophones ou en partie anglophones - comme si le charme notoire de l'italien, ne se suffisait pas à lui-même, non plus que celui du russe, du polonais, de l'arménien ou du grec. De trois choses l'une : • soit toutes les langues d'Europe autres que l'anglais et le pseudo-anglais doivent être reconnues comme langues mortes, y compris le français qui ne fut chanté de bout en bout que par une Autrichienne, laissé pour morte par le jury de professionnels, puis ranimée par le vote du public - nous y reviendrons ; • soit les responsables des divertissements télévisuels des pays non anglophones sont des incompétents dotés de responsabilités qui les dépassent du tout au tout, à commencer par celle de faire vivre leur langue ; • soit le concours de chanson de l'Eurovision s'est mué en u

sérendipité : fortuité

En anglais, on appelle serendipity le fait d'effectuer une découverte inespérée. On cherchait quelque chose, on en trouve une autre. Et cette autre chose s'avère plus importante, plus précieuse, plus fructueuse. Internet est un lieu de recherches propice à de telles trouvailles. Inventé par Horace Walpole [ ci-contre portraituré par Ramsay, et ci-devant Comte d'Oxford ] en 1754, le mot serendipity a été importé par certains dans notre langue sous sa forme francisée sérendipité . Un peu pédant, très obscur, ce néologisme n'a pas eu grand succès dans le langage courant. Des Canadiens francophones lui ont récemment (vers 2000) trouvé un substitut autrement plus savoureux : la fortuité . Plus concis que la sérendipité [trois syllabes au lieu de cinq], plus euphonique et plus lumineux, le mot fortuité est immédiatement compréhensible. En prime, il agrandit à point nommé la petite famille déjà composée du couple fortuit et fortuitement , qui l'ad